Un château Renaissance

L’histoire du château en 5 périodes clés :

Du Moyen Âge à la Renaissance

A la fin du Moyen âge, Bertrand Dulac, seigneur de Bazoches-les-Gallerandes acquiert en 1440 la seigneurie de Chamerolles dont la superficie représente plusieurs milliers d’hectares. Son fils Jean épouse Isabeau de Salezard, fille d’un capitaine de Charles VII et de Louis XI. Cette union donne naissance à Lancelot, prénommé peut-être ainsi en hommage à l’un des héros des romans arthuriens en vogue

Dès 1494, Lancelot du Lac se lance aux côtés du Duc d’Orléans, futur Louis XII, dans les campagnes d’Italie. Lorsque ce dernier accède au trône de France en 1498, Lancelot est nommé Gouverneur d’Auxerre et échanson du Roi, puis en 1504 il obtient la charge de Gouverneur d’Orléans et Chambellan du roi. En 1515, François Ier succède à Louis XII et Lancelot du Lac, resté chambellan, devient bailli d’Orléans à la suite de Guillaume de Montmorency. Il s’unit en 1519 en secondes noces à Louise de Coligny, sœur de Gaspard de Châtillon-Coligny.

C’est à cette époque-là que le château est entièrement reconstruit. Le parti architectural, avec son décor de briques rouges et noires, sa galerie italienne couverte, ses fenêtres à meneaux, sa tour octogonale…, s’inspire en partie de l’aile Louis XII du château de Blois, construite vers 1500 et bien connue de Lancelot Ier du Lac.

François Ier a fait avec sa suite trois séjours à Chamerolles, en 1530, 1532 et 1536, sur le trajet de Chambord à Fontainebleau.

Lancelot II du Lac (?-1622), le petit-fils de Lancelot Ier, se convertit au protestantisme, transformant la chapelle en temple. Il défend la religion réformée avec son cousin Gaspard de Coligny et aux côtés d’Henri de Navarre dans les Flandres en 1585, tandis qu’Henri III confie la garde du château de Chamerolles au « Sieur de Dampierre…capitaine de cinquante hommes d’armes ». Aujourd’hui encore, la chapelle conserve les traces de cette période, où les peintures protestantes parmi les plus anciennes connues à ce jour en France sont visibles sur la voûte. Lancelot II aménage également les jardins Renaissance situés à l’arrière de la bâtisse. 


Durant le XVIIe siècle

En 1672, la famille Dulac vend le domaine de Chamerolles, après 235 années d’occupation, à Jacques-François de Johanne de la Carre, Marquis de Saumery. Il est le beau-frère de Colbert, gouverneur du château royal de Chambord et du comté de Blois, conseiller d’Etat, maréchal des armées du roi et grand-maître des Eaux et Forêts d’Ile-de-France. Il épouse en 1650 Catherine Charron, belle-sœur de Colbert, avec qui il aura trois enfants : Jacques-François, Marie et Jean-Baptiste.

C’est sous son ordre que l’aile sud du château sera surélevée afin d’accueillir ses appartements privés. Un couloir distribue les chambres à coucher. C’est sans nul doute dans ces appartements que les Saumery vivaient lorsqu’ils résidaient au château. Les cheminées, restaurées, sont en pierre peinte en trompe l’œil imitant le marbre.

 

Au XVIIIe siècle

En 1764, Chamerolles est acheté par Claude-Guillaume Lambert, contrôleur des finances de Louis XVI et conseiller au Parlement de Paris. Il y entreprend quelques modifications, notamment la création de la tribune en chêne aux armes de sa famille dans la chapelle, la cour en demi-lune devant le château ainsi que la grande grille en ferronnerie, encore visible aujourd’hui. Il réalisera aussi le parc dit « à l’anglaise » et son miroir d’eau. Resté fidèle au roi, Claude-Guillaume Lambert est arrêté pendant la Révolution, emprisonné à la Conciergerie à Paris, jugé et condamné en 1794. Le domaine est alors confisqué par l’Etat et ne sera rendu à ses descendants qu’en 1805.

Le baron Edouard Lambert, petit-fils de Claude-Guillaume, est maire et conseiller municipal de Chamerolles à plusieurs reprises entre 1840 et 1886. A sa mort en 1886, sa fille Antoinette, devenue comtesse de Brossard par son union avec son cousin Philippe, hérite du château. 


Durant le XXe siècle

Le château des Lambert, bien entretenu durant le XIXe siècle va servir de lieu de convalescence pour les soldats durant la Première Guerre mondiale. Un hôpital s’y installe afin de soigner les blessures de guerre.

Le château sera revendu en 1924 à Gaston Jessé-Curély, dernier propriétaire privé des lieux. Diplômé de sciences politiques, il a le goût des belles choses et collectionne dessins de l’Ecole Française, estampes japonaises et tapis d’Orient. Le château sert véritablement d’écrin à ses collections. Il sera à l’initiative de l’inscription du château sur la liste des Monuments Historiques en 1927.

Occupé durant la Seconde Guerre mondiale par environ 200 à 250 Allemands, le château servira même de Kommandantur dont une inscription reste encore visible sur un escalier en bois. A la Libération, le château sera saccagé et dépouillé. Les toitures sont trouées, les fenêtres brisées, les objets et meubles précieux disparaissent. Pour le reste du mobilier, il est jeté dans les douves ou brûlé dans la cour intérieure. Le 13 août 1944, six jeunes maquisards sont fusillés par la Wehrmacht aux abords du château. Deux chefs de la Résistance, le capitaine Giry et l’abbé Thomas, venus donner des instructions, sont tour à tour arrêtés, attachés aux piliers de la galerie italienne et transportés en forêt d’Orléans pour y être fusillés lors de l’attaque du maquis de Lorris.

Après la Seconde Guerre mondiale, le château est rendu à Gaston Jessé Curély. Il décèdera en 1958, son épouse en 1964. N’ayant pas d’enfant, ils lèguent leur bâtisse à leur nièce qui, faute de moyens financiers, fait don du château à deux associations qui transforment le site en centre d’hébergement et de loisirs pendant plusieurs années. Suite à la faillite de ces deux organismes, la ville de Paris, qui était garante, récupère le domaine de Chamerolles en 1976. Faute de crédits pour l’entretien, le site est alors cédé au Département du Loiret en 1987 qui engage 5 années de travaux de restauration. Le château rouvre ses portes au public le 2 mai 1992 et est inauguré par le maire de Paris de l’époque Jacques Chirac. 


De nos jours

En 2009, une ancienne halle agricole gâtinaise de 35 m de long et de 12.50 m de haut qui se trouvait auparavant à Bellegarde puis à Auvilliers-en-Gâtinais est entièrement restaurée et installée sur le site de Chamerolles afin d’y accueillir manifestations, spectacles et expositions temporaires. Cette ancienne halle est un précieux témoignage de l’architecture locale avec sa toiture constituée de 800 m² de tuiles dont la moitié est d’origine. Fermée par des baies vitrées, sa salle principale de 400 m² est régulièrement louée pour des mariages et cérémonies privées.

Les jardins sont mis à l’honneur et entretenus par notre seul jardinier. Il œuvre quotidiennement afin de faire revivre la tradition d’un jardin Renaissance. Rosiers, plantes exotiques, plantes d’ornementation, potagers … sont autant de trésors végétaux qu’il faut conserver et protéger. 

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